La nuit était couchée depuis un moment déjà. Une troupe de félins se déplaçait silencieusement entre les buissons, à travers la Pinède. Arrivée près de l’endroit où l’odeur de la tribu se fit plus légère pour laisser place à celle d’un autre clan, celle qui menait cette patrouille fit le signal pour que les 4 chats présents commencent à marquer leurs frontières. La chatte dont les yeux ambrés luisaient fièrement dans le noir s’avança pour vérifier qu’aucun intrus n’avait été à déplorer. Personne. Un très léger ronron de satisfaction fut émis de la lieutenante.
Sur le chemin du retour, Flamme des Enfers miaula un petit gémissement de douleur. Elle s’était transpercée le coussinet avec une épine complètement gigantesque. Elle retourna donc au camp sur trois pattes, refusant l’aide que lui proposaient ses camarades, sa fierté sans faille l’en empêchant. Ce fut les nerfs en pelote qu’elle pénétra dans le camp endormi, ronchonnant dans ses moustaches comme elle entrait dans la tanière de Masque Maudit, son ami. Ils se fréquentaient depuis longtemps, et les deux félins s’étaient toujours bien entendus. Ils se comprenaient, voyaient le monde de la même façon.
Les yeux embrasés de la guerrière lançaient des éclairs, elle était énervée. Et chaque chat qui connaissait un minimum la femelle savait qu’en ces conditions, n’importe quelle petite chose pouvait transformer la noiraude en tsunami incontrôlable. Presque sans prendre garde à ses camarades de clan qui dormaient encore, et la patte avant encore soulevée, quelques gouttes écarlates en perlant, elle miaula de sa voix habituelle quand elle est irritée :
-Masque Maudit ? Masque Maudit ! Viens par là !
 
Elle s’enfonça encore plus profondément dans la tanière du matou, laissant une trainée de sang derrière elle. Quand elle vit deux yeux verts briller dans la pénombre, elle claudiqua vers eux et lâcha, plus méchamment qu’elle ne l’aurait voulu :
-J’ai une saleté d’épine super enfoncée, aide moi ….